Les travailleurs migrants d’une serre du Québec gagnent un contrat novateur

Quelque 70 travailleurs migrants et temporaires à l’emploi d’une serre horticole du Québec ont ratifié une première convention collective garantissant qu’ils seront les premiers à être rappelés pour un retour la saison suivante. Non seulement le contrat novateur signé chez Luc Cléroux inc. établit-il le droit de rappel et l’ancienneté, il prévoit aussi une procédure de règlement des griefs par voie d’arbitrage  en plus des hausses de salaire.

« Les jours de la liste noire sont terminés », se réjouit Andrea Galvez, représentante des TUAC Canada qui coordonne un des centres de soutien pour travailleurs agricoles de l’Alliance des travailleurs agricoles (ATA) à Saint-Rémi (Québec).  « Ces travailleurs peuvent maintenant défendre leurs droits syndicaux et leurs droits à la sécurité sans se faire congédier, évincer et renvoyer dans leur pays lors du prochain vol pendant que le gouvernement Harper et les consulats font semblant de ne rien voir. Ces travailleurs ont enfin une voix et un contrat qui la protège. »

Les travailleurs mexicains et guatémaltèques à l’emploi de Luc Cléroux ont ratifié le contrat le 9 juin. Ils sont membres de la section locale 501 des TUAC Canada qui avait  déposé une demande pour représenter ces travailleurs en juillet dernier, après que la majorité d’entre eux s’étaient joints à la section locale. Les TUAC Canada sont le plus important syndicat du secteur privé au pays et représentent des travailleurs canadiens aussi bien que des travailleurs migrants dans diverses entreprises agricoles en Colombie-Britannique, au Manitoba et au Québec. En collaboration avec l'ATA, les TUAC Canada aident à la gestion de 10 centres de soutien pour travailleurs agricoles à travers le Canada, et mènent la campagne en faveur des droits des travailleurs agricoles — y compris le droit à la syndicalisation — depuis 1980.

« Cette première convention collective chez Luc Cléroux représente une énorme amélioration des conditions injustes imposées aux travailleurs migrants qui viennent travailler au Canada sous un système fédéral qui les amène ici puis les abandonne à la porte de la ferme pour qu’ils se débrouillent seuls », de dire M. Gingras, le président de la section locale 501 des TUAC Canada.

« Nous félicitons les membres chez Luc Cléroux d’avoir réussi à tenir tête au lobby agricole et d’avoir montré aux autres travailleurs qu’il est possible de gagner un bon contrat. Les droits ouvriers sont des droits de la personne. Ce nouveau contrat signifie qu’ils vont être respectés. »

Le contrat chez Luc Cléroux intervient deux mois seulement après qu'une décision de la Commission des relations du travail du Québec eût infirmé un article du Code du travail qui limitait le droit de certains employés de fermes saisonnières du Québec de se syndiquer.  La cause avait été soumise par les TUAC Canada au nom des travailleurs d’une ferme de Mirabel, qui grâce au jugement de la Commission sont aujourd'hui une unité de négociation des TUAC Canada. Les négociations en vue d’un premier contrat pour cet établissement devraient commencer avant la fin de juin.

Les TUAC Canada sont le plus important syndicat du secteur privé au pays; ils comptent plus de 250 000 membres qui travaillent d’un océan à l’autre dans tous les secteurs du commerce alimentaire, des champs de culture jusqu’à la table à manger.

 

 

Vol. X, no 24 • le 21 juin 2010