L’inondation au Manitoba : une situation périlleuse pour les travailleurs migrants

Des centaines de travailleurs agricoles mexicains à travers le sud du Manitoba font face à une situation périlleuse pour leur revenu familial indispensable et risquent de se faire rapatrier dans la foulée des inondations et de l’ouverture d’une brèche d’urgence dans une digue près des fermes dans la région de Portage la Prairie.

D’ordinaire, en cette période de l’année, les travailleurs migrants plantent et moissonnent des produits agricoles dans nombre de grandes fermes de taille industrielle et d’abattoirs dans la région. Mais les choses diffèrent cette année. Les pluies torrentielles et la digue ébréchée ont inondé les fermes où vivent et travaillent un grand nombre de personnes.

À moins d’un kilomètre au sud de la brèche, plus de 140 travailleurs migrants venant du Mexique travaillent à contrat pour Riverdale Farms. Cette entreprise d’exploitation agricole qui produit des cultures commerciales sur une superficie de 1 200 acres appartient à Doug Connery, le frère d’Ed Connery, ancien ministre du Travail sous le régime progressiste-conservateur de Gary Filmon. Dans les jours précédant l’ouverture de la brèche, les travailleurs migrants ont aidé à édifier des murs de sacs de sable autour de la maison de Doug Connery. Maintenant que les terres cultivées sont inondées, il n’y a peut-être plus rien à faire comme travail. Leur prochain rendez-vous, c’est peut-être le rapatriement au Mexique. Et les travailleurs migrants à l’emploi de Riverdale ne sont pas les seuls dans cette situation.
                                                                                                                                                
En tout, quelque 500 travailleurs migrants forment l’épine dorsale de la main-d’œuvre agricole que l’on trouve dans les champs du sud du Manitoba. Bon nombre d’entre eux ont travaillé dans l’industrie agricole du Manitoba pendant des décennies, revenant à chaque saison dans le cadre d’une entente fédérale entre le Canada et les pays pourvoyeurs appelée le Programme canadien des travailleurs agricoles saisonniers (PCTAS). Mais sans travail ni demeure, les travailleurs migrants victimes de l’inondation sont à la dérive.   

Tandis que les fermes et les entreprises de la région sont durement frappées par l’inondation, les travailleurs demandent protection et indemnisation tout comme le font d’autres membres de la communauté, notamment des logements temporaires et des fonds d’urgence  pour compenser les pertes de revenus. Alors que les fermes et les employeurs verront leurs pertes compensées, les travailleurs migrants, eux, risquent de se faire rapatrier, le PCTAS fédéral n’offrant pas de protection du revenu. L’inaction du gouvernement Harper face à la situation critique des travailleurs migrants ne fait qu’aggraver la crise d’inondation à laquelle font face les communautés et le gouvernement du Manitoba. 

« En tant que Canadiens et Canadiennes, nous devons unir nos efforts pour aider les victimes de l’inondation y compris les personnes qui travaillent sur des fermes dans le cadre du PCTAS », de dire Wayne Hanley, le président national des TUAC Canada — le plus grand syndicat du secteur privé au Canada qui représente les travailleurs agricoles migrants dans nombre d’établissements au Québec et en Colombie-Britannique. « Ces travailleurs ont été recrutés pour venir au Canada par le gouvernement fédéral, c’est à lui de faire ce qu’il convient pour leur venir en aide. Les travailleurs migrants sont des membres essentiels de la communauté agricole du Manitoba, et le gouvernement Harper devrait intervenir pour s’assurer qu’ils ne sont pas traités comme s’ils sont invisibles et jetés par-dessus bord. »

Partout au Canada, quelque 40 000 travailleurs étrangers temporaires et migrants travaillent à contrat pour des centaines d’exploitants agricoles canadiens. Pendant plus de deux décennies, les TUAC Canada ont mené campagne afin d’obtenir pour les travailleurs agricoles les droits syndicaux et à la sécurité dont jouissent tous les autres travailleurs. En collaboration avec l’Alliance des travailleurs agricoles, les TUAC Canada gèrent dix centres de soutien pour travailleurs agricoles répartis dans les diverses régions du Canada. En 2010, les centres ont traité quelque 35 000 demandes de renseignements soumises par des travailleurs agricoles nationaux et migrants sur diverses questions : abus de l’employeur, problèmes de santé et de sécurité, lieu de travail et logement, représailles d’employeur injuste et rapatriement.