Les TUAC Canada apportent leur soutien à Abousfian Abdelrazik et se rangent aux côtés du CTC en se prononçant aussi contre la liste noire de l’ONU

Déclaration d’Abousfian Abdelrazik s’adressant au Comité 1267 de l’ONU

Les TUAC Canada, qui constituent le plus grand syndicat présent dans l’entreprise privée au pays, viennent de joindre leur voix à celle du Congrès du travail du Canada et d’autres organisations de premier plan en demandant à leur tour à l’Organisation des Nations Unies de retirer immédiatement le nom du Canadien Abousfian Abdelrazik de la liste noire qu’a créée un comité de l’ONU. Cette liste représenterait un affront à la Déclaration universelle des droits de la personne.

C’est au printemps 2003 qu’Abousfian Abdelrazik s’est rendu à Khartoum, au Soudan, afin d’aller voir sa mère, qui était malade. On l’a arrêté peu avant le moment où il devait rentrer au Canada.  Selon le Lawyers Weekly (publication hebdomadaire dans le domaine du droit), il existerait des documents révélant que c’est à la demande du gouvernement canadien que les autorités soudanaises l’ont appréhendé. Également, la Commission populaire sur l’immigration et les mesures de sécurité fait remarquer que M. Abdelrazik aurait subi la violence et la torture à maintes reprises pendant son emprisonnement au Soudan.

Tandis qu’on le renvoyait enfin au Canada, le nom d’Abousfian Abdelrazik a été mis sur une « liste de surveillance » que tient le Comité 1267 de l’ONU, ce qui a pour effet de limiter considérablement sa liberté. On interdit aux gens dont le nom figure à la liste noire de l’ONU de voyager, d’avoir un compte en banque et de travailler.

Ainsi, sur ordre du gouvernement du Canada, on a gelé le compte bancaire de M. Abdelrazik, qui était crédité de plus de 10 000 $. C’est son épouse qui lui avait laissé cet argent avant de mourir du cancer.

« Le CTC est parmi les groupes et les organisations qui font le plus entendre leur voix lorsqu’il est question de demander à l’ONU d’agir en respectant la primauté du droit, ce qui consiste à présumer que toute personne est innocente jusqu’à ce qu’on l’ait déclarée coupable », affirme le président national des TUAC Canada Wayne Hanley. « C’est de tout cœur que l’organisation syndicale appuie le CTC en ce qui concerne la défense des droits de la personne. De même, tout comme le Congrès du travail du Canada, les TUAC Canada exigent que l’on passe à une optique par laquelle on respectera réellement les droits de la personne, ce qui, entre autres, comporte obligatoirement l’application régulière de la loi. »

Récemment, en rencontrant le Comité 1267 de l’ONU pendant deux heures à New York, le CTC et d’autres organisations importantes ont souligné qu’il était urgent de retirer le nom d’Abousfian Abdelrazik de la liste noire. Ils ont aussi signalé les contradictions évidentes qu’il y a entre l’existence d’une liste de ce genre et les principes fondateurs de l’Organisation des Nations Unies,  qui sont formulés dans la Déclaration universelle des droits de la personne. Il y est écrit, entre autres, que toute personne a droit à la liberté de mouvement et d’association, à un procès juste et équitable et à la protection contre la torture et qu’elle doit pouvoir vivre en sécurité et avoir la possibilité de gagner sa vie.  

« Parce que le nom de M. Abdelrazik demeure inscrit sur la liste noire de l’Organisation des Nations Unies, à laquelle figurent ceux des terroristes présumés, le gouvernement canadien s’arroge le droit de saisir les biens et d’ériger en crime l’embauche de cette personne. Or, d’un autre côté, on l’empêche de connaître la raison pour laquelle on l’y a mis et de savoir qui l’a fait. De plus, on lui refuse totalement le droit de réfuter les accusations qui pèsent sur lui alors qu’il n’en connaît pas la nature », précise le directeur du Service de l’antiracisme et des droits de la personne du CTC Karl Flecker.

À l’improviste, pendant les audiences, on a mis les membres du Comité 1267 en présence de M. Abdelrazik au moyen d’une vidéo, dans laquelle celui-ci leur adressait un message personnel en invitant ceux qui étaient présents à la rencontre à se mettre à sa place. « Je vous prierais de venir partager ma vie pendant une journée… Je suis certain que mes propos auront pour effet de vous émouvoir puisque, vous aussi, vous êtes humains. Je vous supplie de le comprendre : j’ai assez souffert et je veux que cela cesse », disait-il encore.