Que la tragédie de la veille de Noël vaille un jugement, mais ne mérite pas de peine de prison, les travailleuses et les travailleurs de l’Ontario ne peuvent qu’être déçus

Toronto (Ontario) – « On donne l’impression qu’il suffit de payer quelques milliers de dollars pour se tirer d’ennui après n’avoir fait aucun cas de la sécurité ni de la vie des travailleuses et des travailleurs. » Voilà ce qu’a affirmé Wayne Hanley, le président national du syndicat des Travailleuses et Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce du Canada (TUAC Canada), au sujet de l’amende à laquelle on a condamné une entreprise de construction de Toronto après l’avoir déclarée coupable de négligence dans le cas de la mort de quatre personnes au travail en 2009 sans infliger de peine de prison à son propriétaire.

Plus précisément, c’est à la suite d’une décision de la Cour de l’Ontario, qui venait de déclarer l’entreprise Metron Construction coupable de négligence criminelle, que le dirigeant du plus grand syndicat présent dans le secteur privé au Canada a tenu ces propos. En 2009, la veille de Noël, quatre travailleurs avaient perdu la vie et un autre s’était grièvement blessé en tombant d’un échafaudage de construction. En effectuant une enquête, on a appris que ces hommes ne portaient pas de harnais de sécurité et n’avaient pas reçu de formation en matière de sécurité au travail.

Bien qu’on ait déclaré l’entreprise coupable de négligence criminelle, on a retiré les accusations de négligence criminelle qui avaient été portées contre son propriétaire.  

« Même s’il est remarquable qu’on ait estimé pour la toute première fois de l’histoire qu’une entreprise de l’Ontario a été négligente en vertu du Code criminel dans le cas de la mort de travailleurs, il est également évident que c’est à cause de la négligence de celle-ci que ces hommes sont morts et, pourtant, personne ne va en prison. On ne prive pas le propriétaire de cette entreprise de sa liberté alors que les familles des victimes n’oublieront jamais une tragédie qui aurait parfaitement pu être évitée », a expliqué Wayne Hanley.

Celui-ci ajoutait encore : « Depuis 2004, la loi C-45, qu’on appelle aussi la loi Westray, donne aux tribunaux le pouvoir de mettre en prison la ou le propriétaire d’une entreprise lorsque des travailleuses et des travailleurs perdent la vie à cause de la négligence de cette dernière. Voilà ce qu’on aurait faire dans le présent cas. Il faut que les entreprises comprennent qu’on mérite d’aller en prison si l’on se rend coupable de la mort d’une travailleuse ou d’un travailleur. Tant qu’on ne les en aura pas convaincues, il y aura toujours des gens devenant victimes d’employeurs qui sont prêts à jouer avec leur vie et leur sécurité. »