Target a induit les actionnaires en erreur au sujet de son expérience au Canada

Toronto – 24 septembre 2014 – Jusqu’ici, le géant américain du commerce de détail Target a déclaré une perte de près de 1,6 milliard de dollars à la suite de son expansion catastrophique au Canada. Faisant fi des conseils des pontes de l'industrie et des experts du commerce de détail, Target a ouvert 124 nouveaux magasins au pays à un rythme vertigineux tout en congédiant plus de 20 000 travailleuses et travailleurs. Le résultat? Les consommateurs déçus n'y comprenaient rien, les employés travaillaient moins d'heures sans sécurité d'emploi, et les actionnaires criaient au meurtre.

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, Target disait à tous ceux qui voulaient l'entendre que ses magasins canadiens allaient profiter à tout le monde. « Nous nous attendons toujours à générer beaucoup plus d'argent que nous en avons besoin pour investir dans notre entreprise, ce qui nous permettra de remettre des milliards à nos investisseurs »,a déclaré John Mulligan, chef des services financiers de Target. Le deuxième cadre dirigeant de Target a prononcé ces paroles, il y a tout juste un an, rassurant les actionnaires en leur disant que la situation était bien maîtrisée au Canada, que les consommateurs se précipitaient aux caisses et que personne au Canada ne se préoccupait des pratiques de l'entreprise en matière de relations de travail. Bien entendu, il n'y avait rien de plus faux.

Pendant les quelques premiers mois de son incursion au Canada, Target a réalisé des profits rapidement, soit la rondelette somme de 86 millions de dollars. Cependant, il semblerait que ce montant ne suffisait pas pour satisfaire la cupidité de l'entreprise. Target a commencé à réduire les heures de ses employés canadiens, parfois même de moitié. Tout à coup, des travailleurs du commerce de détail à plein temps chez Target depuis quelques mois seulement devenaient des employés à temps partiel sans rime ni raison. Pour couronner le tout, l'entreprise a continué d'ouvrir des magasins tout neufs et d'embaucher de nouveaux employés pendant qu'elle ne cessait de réduire les heures du personnel existant.

Lorsque Target a commencé à diminuer les heures de travail, les cadres ont essayé de faire croire que le but était d'avantager les consommateurs. Une fois de plus, rien n'était plus faux. Les consommateurs ont commencé à constater que les rayons étaient vides et qu'il n'y avait pas suffisamment de personnel, des caractéristiques particulières aux magasins de Target au Canada qui se poursuivent encore aujourd'hui. Il est évident que la raison pour réduire les heures était d'augmenter les profits et n'avait rien à voir avec l'intérêt des personnes.

Pour revenir à John Mulligan, la haute direction de Target avait indiqué au départ que l'exploitation canadienne permettrait de réaliser de jolis profits en 2013, une affirmation que le groupe d'investissement Moody's avait qualifiée d'« irréaliste ». En effet, Target Canada a fini par déclarer des pertes de 941 millions de dollars au début de l’année 2014. Le rêve était terminé : le PDG de Target Gregg Steinhafel a démissionné et le président de Target Canada Tony Fisher a été congédié. Les consommateurs n'étaient vraiment pas impressionnés et les travailleurs se retrouvaient bredouilles.