Le budget fédéral de 2018 : les bons, les moins bons et les mauvais choix

Ottawa – 2 mars 2018 – Quoique positif à certains égards, le budget fédéral de 2018 déposé par le gouvernement Trudeau ressemble davantage à un plan de réélection pour 2019 qu’à un budget qui s’attaque aux véritables enjeux de l’heure.

Le budget de cette année comprend un engagement fort bien accueilli visant l’adoption d’une loi sur l’équité salariale pour le secteur fédéral et les fournisseurs du gouvernement fédéral. Déjà en 2016, le gouvernement libéral avait promis qu’il allait instaurer l’équité salariale. Ceux et celles d’entre nous qui peuvent se rappeler d’un autre Trudeau se souviendront que Pierre avait promis, lui aussi, d’instaurer l’équité salariale il y a plus de 40 ans. Bref, c’est encourageant de voir qu’on a fini par s’intéresser à ce dossier qu’on n’aurait jamais dû laisser traîner aussi longtemps.

Le budget comprend également un autre engagement fort bien accueilli, qu’on attendait d’ailleurs depuis longtemps. Il s’agit du droit à cinq jours de congé rémunérés pour les victimes de violence familiale. Aucune personne ne devrait craindre de subir des pertes de salaire au travail lorsqu’elle tente de fuir une relation abusive.

Le budget de cette année prévoit également un investissement de 3,4 millions $ pour l’instauration d’un réseau d’organismes de services de soutien aux travailleurs étrangers temporaires qui veilleront à protéger ces travailleurs vulnérables contre les abus auxquels peuvent se livrer les  employeurs. Cet engagement résulte directement des efforts qu’entreprennent les TUAC Canada dans ce dossier depuis plus de 20 ans. En effet, c’est un dossier que nous avons pris en main depuis le début, et nous allons faire un suivi auprès du gouvernement et veiller à ce que les mesures annoncées soient effectivement mises en œuvre. 

Dans le budget, il y a d’autres éléments qui paraissent intéressants mais qui ne sont pas exactement ce à quoi on s’attendait. En effet, beaucoup de gens se réjouissaient que les Libéraux allaient se pencher sur la création d’un régime national d’assurance-médicaments, comme l’avait proposé le NPD. Mais tout ce qui est offert, c’est une autre étude du dossier. Aucun engagement financier n’est pris dans le budget, d’autant plus que le ministre des Finances, Bill Morneau, faisait déjà marche arrière le lendemain même de la publication du budget en disant que l’engagement n’est qu’une stratégie et non un plan, et en suggérant que ce ne sera pas le programme universel que réclament les experts, les syndicats et les groupes communautaires. Bref, la question a été examinée de long en large; il est temps d’agir maintenant. 

L’omission peut-être la plus décevante du budget fédéral constitue les occasions ratées de prendre les mesures qui s’imposent pour combattre l’inégalité des revenus. De nombreux experts ont conclu qu’une des principales stratégies qu’on pourrait adopter pour combattre l’inégalité des revenus serait d’instaurer un programme national de services de garde. Malgré tout, le budget a fait très peu mention de la question des garderies et ne contient aucun engagement à l’effet que le gouvernement allait se pencher sur un vrai programme de garderies universelles et abordables.

D’autre part, le budget offre très peu de mesures de répression contre l’utilisation des échappatoires fiscales comme les options d’achat d’actions, et ne mentionne aucun plan pour combattre le recours systématique à des paradis fiscaux. Le Canada perd des milliards de dollars par année à cause des échappatoires et des paradis fiscaux, des fonds qu’on pourrait utiliser pour financer un régime national d’assurance-médicaments et un programme de garderies universelles.

Ce dont le pays avait besoin, c’était d’un plan audacieux qui s’attaque aux vrais problèmes auxquels font face quotidiennement de nombreux Canadiens et Canadiennes. Ce que nous avons fini par obtenir, c’est un budget qui ressemble davantage à un plan de campagne libéral pour les élections 2019.