On doit aussi respecter les droits des travailleurs du cannabis, selon le chef syndical

Commentaire de Paul Meinema, président national du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada (TUAC Canada)

TORONTO – 17 octobre 2018 — Alors que les consommatrices et consommateurs d’âge adulte peuvent désormais acheter légalement du cannabis, qu’en est-il des droits et de la sécurité au travail des milliers de travailleuses et travailleurs du cannabis qui se trouvent au cœur de cette industrie florissante?

En tant que syndicat qui représente les travailleuses et travailleurs du cannabis dans un certain nombre de provinces, nous savons qu’il y a des problèmes de santé et de sécurité à résoudre au niveau de la production et de la distribution au détail du cannabis, et qu’il faut s’y attaquer en offrant des programmes de formation et d’inspection des lieux de travail bien adaptés. Or, s’il existe des règlements fédéraux qui garantissent la qualité et la pureté des produits du cannabis légal, on fait très peu de cas de la sécurité des travailleuses et travailleurs du cannabis ainsi que de la manière dont ces salarié(e)s sont traités. 
  
C’est pourquoi les TUAC Canada ont élaboré un programme virtuel de pointe destiné aux membres désireux d’obtenir une formation comme spécialiste en dispensaire de vente au détail du cannabis. Il y va de l’intérêt des consommatrices et consommateurs et de celui des vendeuses et vendeurs qui sont censés être bien informés quant à la nature des produits qu’ils vendent, c’est-à-dire ses bienfaits, ses effets indésirables et les préoccupations de sécurité qu’ils posent. D’autre part, les membres des TUAC travaillant dans le secteur du cannabis ont ratifié des conventions collectives parmi les plus solides de tous les secteurs, lesquelles prévoient des régimes de retraite, des régimes d’assurance santé collectives, des salaires raisonnables, et la protection intégrale des droits ouvriers et à la sécurité des salarié(e)s.   

Quant aux travailleuses et travailleurs non syndiqués du secteur du cannabis, ils peuvent faire face à de sérieux défis qui mettent en jeu leurs droits à la sécurité au travail ainsi que leurs droits ouvriers, surtout dans des provinces comme l’Ontario où il existe actuellement très peu sinon aucun règlement en matière de santé et de sécurité pour le secteur agricole. Plus de 60 % des producteurs autorisés du pays se trouvent en Ontario. Dans Ies lieux de travail non syndiqués, les travailleuses et travailleurs hésitent souvent à soulever les problèmes en matière de santé et de sécurité qui les préoccupent par crainte de représailles. Ces genres de problèmes sont particulièrement importants dans les entreprises agricoles industrielles car c’est là où les salarié(e)s travaillent le plus souvent dans des endroits confinés et qu’ils exposés de manière prolongée à des lampes horticoles, des fertilisants, des pesticides et des moisissures. 

Alors que l’industrie du cannabis prend de l’expansion pour devenir un important secteur de l’économie canadienne, tous les salarié(e)s doivent indistinctement avoir des droits à la sécurité au travail et des droits syndicaux qui leur garantissent une protection à toutes les étapes de la chaîne de production du cannabis. Les gouvernements fédéral et provinciaux, de même que les consommatrices et consommateurs, devraient reconnaître qu’il importe d’œuvrer à améliorer les conditions d’emploi et de travail de tous les ouvriers et ouvrières agricoles du Canada et à garantir le droit des travailleurs agricoles de se syndiquer dans toutes les provinces, si l’on veut vraiment assurer la sécurité des salarié(e)s dans l’ensemble du secteur du cannabis.

Il s’agit de la sécurité des salarié(e)s, de leurs droits en tant que personne, de leur possibilité de refuser un travail dangereux sans crainte de faire l’objet de mesures de rétorsion ou de harcèlement au travail. Nous sommes sur le point d’avoir un nouveau secteur très prometteur. Faisons ce qu’il faut non seulement pour les consommatrices et consommateurs et les instances de collecte de taxes, mais aussi pour les vaillants travailleurs et travailleuses sur lesquels repose le secteur du cannabis.