Blogue politique : Le droit à un logement abordable

Toronto – 3 novembre 2018 – Dans les élections municipales tenues à Toronto et à Vancouver, la pénurie de logements abordables a été l’un des enjeux les plus importants pour les électrices et électeurs. À Vancouver, les expert(e)s attribuent la défaite du parti Vision, l’administration municipale au pouvoir, à son incapacité de trouver une solution à la crise du logement abordable. À Toronto, le maire réélu John Tory a déclaré vouloir se concentrer sur la pénurie de logements abordables et faire de cet enjeu l’une de ses premières priorités pour les cent premiers jours de son second mandat. 

Il n’est guère surprenant que le coût d’un logement ordinaire soit devenu un sujet de préoccupation. Le prix moyen des maisons s’élève à plus de 1,1 million $ à Vancouver et à plus de 800 000 $ à Toronto. Il augmente très rapidement dans beaucoup d’autres collectivités du pays et les logements locatifs n’en font pas exception. À Vancouver, un appartement d’une seule chambre à coucher se loue en moyenne à plus de 2 000 $. Le locataire doit débourser en moyenne plus de 3 150 $ pour louer un appartement de deux chambres à coucher. Le taux d’inoccupation est resté en deça de 1 % pendant de nombreuses années et près de la moitié des locataires dépensent en loyer plus de 30 % de leur revenu. La situation n’est guère différente à Toronto.  

La Stratégie nationale en matière de logement (SNL) récemment annoncée par le gouvernement fédéral pourrait finir par avoir un certain impact sur l’offre de logements abordables, mais la majorité des défenseurs du droit au logement affirment que la stratégie ne va pas assez loin. L’engagement de construire 100 000 unités de logement paraît énorme, mais il a été pris pour l’ensemble du pays sur une période de 10 ans et prévoit des contributions provinciales. L’engagement plus spécifique du gouvernement fédéral de construire sur dix ans 60 000 unités d’habitation qui seront financées à même le Fonds national de co-investissement équivaudrait à seulement quelque 790 nouvelles unités l’an pour toute la Colombie-Britannique. C’est bien loin de ce qu’on aura besoin pour s’attaquer véritablement à la grave pénurie de logements abordables dans seulement cette province.  

Selon les défenseurs du droit au logement, le logement abordable devrait être considéré comme un droit fondamental s’il l’on veut vraiment résoudre le problème. L’adoption d’une approche basée sur les droits requiert inévitablement un engagement financier plus audacieux, c’est-à-dire qu’il faudrait prévoir une enveloppe budgétaire suffisante pour construire des logements abordables et fournir des mesures de soutien au revenu. Il y a plus d’un an, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que son gouvernement reconnaît « les droits au logement comme des droits fondamentaux ». Rappelons que le Canada fait partie des pays signataires de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies et que le droit au logement est prévu à l’article 25 de la Déclaration. Or, malgré cette reconnaissance et le fait que le Canada soit l’un des pays signataires de la Déclaration en question, les libéraux fédéraux ont récemment abondé dans le sens des conservateurs en rejetant une motion du NPD appelant la Chambre des communes à « reconnaître le droit au logement comme un droit de la personne ».  

L’adoption d’une approche basée sur les droits pour ce qui concerne le logement abordable  ainsi que les garderies universelles, l’assurance-médicaments universelle et l’équité salariale devrait faire partie de la stratégie, si l’on veut vraiment combattre l’inégalité au Canada.