L’automatisation : les salarié(e)s ont besoin d’un solide leadership aujourd’hui pour prospérer dans le marché de l’emploi de demain

Toronto – 18 mai 2019 – Nous sommes à l’ère de l’intelligence artificielle, de la robotique de pointe et de l’automatisation du processus décisionnel, c’est donc le temps de considérer comment ces forces vont perturber nos lieux de travail ici au Canada. À titre de chef d’une organisation syndicale parmi les plus grandes du pays, je sais que pour répondre à l’incertitude liée à l’évolution technologique il nous faut aujourd’hui des initiatives proactives capables de protéger les moyens d’existence des futurs membres des TUAC.   

Les TUAC Canada sont à l’avant-garde pour ce qui est des mesures permettant de répondre à l’impact de l’évolution technologique de façon coordonnée. En tant qu’organisation syndicale qui négocie les conventions collectives des salarié(e)s, nous sommes bien conscients du rôle important que nous jouons dans les efforts visant à définir l’avenir du travail. C’est pourquoi nos sections locales veillent à ce que l’adoption des nouvelles technologies se fasse de concert avec les membres et que les employeurs fassent preuve de transparence quant aux impacts que peuvent avoir ces technologies sur les emplois.   

Étant un chef de file en matière d’éducation numérique pour les syndiqués, le syndicat des TUAC Canada offre gratuitement des cours en ligne et un programme d’acquisition de nouvelles compétences pour les salarié(e)s des secteurs de la vente au détail, de l’accueil, des soins de santé, de la sécurité et de l’entreposage. Nos cours d’éducation et de formation permettent aux membres d’améliorer leurs capacités et aptitudes personnelles ainsi que leurs compétences professionnelles et, dans certains cas, de postuler des nouveaux emplois. Mais à mesure que le milieu de travail s’automatise, les employeurs, les syndicats et les gouvernements vont devoir œuvrer ensemble à élaborer des initiatives de formation axées sur les travailleuses et travailleurs qui visent à aider les salarié(e)s à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans le marché de l’emploi de demain. Une stratégie de négociation nationale visant à la création d’un fonds destiné à protéger les salarié(e)s contre les aléas de l’évolution technologique pourrait également contribuer de façon efficace et proactive à s’adapter à l’automatisation.  

Une autre question que nous devrions nous poser est la suivante : « Si l’avenir du travail repose sur la technologie, que devraient être les conditions de travail dans ces nouveaux emplois? » Les sociétés de haute technologie comme Google, Uber et Amazon ont acquis une grande notoriété pour les milieux de travail éreintants qu’elles favorisent. Les emplois que proposent les industries de haute technologie d’aujourd’hui sont majoritairement non syndiqués et aussi pénibles que les emplois des premiers jours de la révolution industrielle. On trouve dans ces industries des centres de traitement des commandes qui pratiquent des bas salaires, des entreprises qui appliquent des politiques anti-harcèlement inefficaces et d’autres qui proposent des journées de travail épuisantes. Il convient de considérer si le mouvement syndical devrait syndiquer un secteur qui perturbe les industries partout sur la planète et qui a désespérément besoin de se réformer.  

On s’attendrait à ce que les progrès technologiques servent à apporter des solutions aux problèmes les plus tenaces que connaît la société tels que l’inégalité, la pauvreté, l’itinérance, etc. Mais les preuves indiquent tout à fait le contraire. Les systèmes automatisés et l’intelligence artificielle ne font qu’accentuer l’inégalité en faisant usage d’algorithmes générés par ordinateur qui produisent des résultats biaisés. Ce sont ces mêmes systèmes qu’on utilise pour suivre le rendement des salarié(e)s au travail, approuver les demandes de crédit et contrôler les collectivités. Quand ont fait des enquêtes plus approfondies, on découvre des machines hostiles aux salarié(e)s qui fournissent des preuves ou des données pouvant servir à les congédier ou à refuser à certaines personnes des prestations qui leur sont importantes.

Par conséquent, il importe grandement que le gouvernement joue un rôle plus actif dans la réglementation du déploiement de l’intelligence artificielle. Le gouvernement se doit de collaborer avec les industries et les intervenants et de fournir les ressources nécessaires pour atténuer l’impact des perturbations liées à l’intelligence artificielle. Il doit veiller à ce qu’on adopte des mesures pertinentes qui inciteraient les employeurs à recycler et à maintenir leur personnel. Il doit aussi veiller à ce que les salarié(e)s aient accès à des prestations publiques qui leur permettraient de tenir le coup lors d’une suppression d’emploi, et que les syndicats disposent de l’infrastructure en matière de relations de travail qui convient pour qu’ils puissent rester pertinents alors que les droits ouvriers diminuent dans le secteur de la technologie. Ce sont là d’importants facteurs à prendre en considération dans la balance des enjeux. Le gouvernement devrait également collaborer avec les comités sectoriels. En effet, ces comités peuvent fournir de précieux renseignements sur les besoins particuliers des secteurs, données sur lesquelles le gouvernement peut se fonder pour faire des interventions ciblées et assurer un dialogue bien défini entre les intervenants.   

Bref, l’adoption d’une approche globale et pondérée pour répondre aux défis de l’évolution technologique est la meilleure façon d’aller de l’avant, et les générations actuelles et futures ont besoin d’un solide leadership aujourd’hui afin de pouvoir obtenir des emplois qui leur sont dignes à l’avenir.  

En toute solidarité,

Paul R. Meinema

Président national