Chauffeur(e)s d’Uber à Toronto : première demande d’accréditation syndicale au Canada

Démarches des TUAC visant à syndiquer les chauffeur(e)s de limousine et de VUS d’Uber Black

Toronto – 13 janvier 2020 – Auprès de la Commission des relations de travail de l’Ontario, les TUAC Canada viennent de déposer une demande d’accréditation syndicale relativement aux chauffeur(e)s de limousine et de véhicule utilitaire sport (VUS) qui travaillent pour la compagnie Uber Black à Toronto. Il s’agit là d’un groupe de conductrices et conducteurs qui sont présents notamment devant l’aéroport international Pearson de Toronto et dans le centre de la ville. Or, à terme, ces chauffeur(e)s pourraient donc devenir les premières personnes offrant leurs services à une compagnie de transport à la demande électronique à faire partie d’une organisation syndicale au Canada.

Depuis le début, si les chauffeur(e)s d’Uber Black de la région du Grand Toronto désirent se syndiquer, c’est d’abord et avant tout pour trois grandes raisons. En premier lieu, ils veulent être rémunérés pour toutes les heures de travail qu’ils font et obtenir la garantie du versement d’un salaire horaire. Deuxièmement, dans leur intérêt, il serait nécessaire de s’assurer la protection contre l’éventualité d’un renvoi injuste et de faire mettre en place une procédure de règlement des griefs qui soit juridiquement contraignante. Enfin, il faudrait obliger la grande société Uber à se conformer à la Loi sur les normes d’emploi de l’Ontario et à reconnaître ses chauffeur(e)s comme des salarié(e)s au lieu de continuer à prétendre les considérer des entrepreneuses et des entrepreneurs indépendants.

« Comme l’ensemble des travailleuses et travailleurs, nous devrions nous voir reconnaître le droit de former un syndicat et celui de négocier collectivement, affirme Ejaz Butt, recruteur syndical de premier plan parmi les chauffeur(e)s d’Uber Black. En vue de rencontrer la direction de la société Uber pour discuter de nos demandes, nous avons déjà essayé toutes les possibilités qui s’offraient à nous, mais, sur ce point, celle-ci fait comme si nous n’existions pas. C’est donc uniquement en nous syndiquant que nous pourrons arriver à protéger nos emplois et notre gagne-pain. »

Chaque jour, à l’instar de bien d’autres travailleuses et travailleurs de l’économie à la demande, les conductrices et les conducteurs d’Uber Black passent de très nombreuses heures, pour lesquelles ils ne reçoivent aucune rémunération, à attendre la clientèle, à surveiller l’application mobile qu’il faut absolument employer pour leur commander une course et à faire la file devant l’aéroport le plus important de Toronto et quelque part dans le centre de la ville, ces deux endroits constituant les grands centres d’activité où ils doivent absolument être présents. Comme si, à lui seul, ce problème n’était pas suffisamment grave, la société Uber pratique un système au moyen duquel c’est la clientèle qui évalue directement la qualité de leur travail, ce qui permet éventuellement à celle-ci de les licencier injustement. Or, on n’a prévu nulle part de mécanisme de plainte efficace qui ait pour raison d’être et pour effet de tenir la société Uber à l’obligation de se justifier dans les cas de cette nature. En outre, dans le contrat de travail que toute personne conduisant un véhicule pour la compagnie Uber doit signer, il y a une clause dont l’existence est généralement inconnue, mais qui, pourtant, est d’une injustice flagrante : si la personne en question estime avoir été injustement renvoyée et qu’elle souhaite contester cette décision, elle est obligée de payer 14 000 $ et de se rendre aux Pays-Bas. Justement, dans une affaire contre Uber qui porte sur cette question et qui est actuellement en cours devant la Cour suprême du Canada, les TUAC Canada constituent un intervenant.

« Partout dans le monde, les travailleuses et les travailleurs de l’économie à la demande en général ainsi que, en particulier, celles et ceux qui offrent leurs services à une société de transport à la demande électronique défendent leurs droits et, à ce point de vue, remportent des victoires d’une importance considérable, déclare Pablo Godoy, directeur des TUAC Canada pour la région de l’Ouest et coordonnateur national de l’organisation syndicale en matière d’initiatives et plateformes de marché libre. À l’heure actuelle, ce sont les chauffeur(e)s d’Uber Black travaillant à Toronto qui mènent la charge dans l’intérêt de tous les gens exerçant le même métier qu’eux au Canada. »

Le syndicat prévoit que la Commission des relations de travail tiendra un vote d’accréditation le vendredi 17 janvier prochain. Bien que la grande société Uber ait la triste réputation de tenter de contrecarrer les revendications des travailleuses et travailleurs en intentant des procédures judiciaires qui sont longues et coûteuses, les TUAC Canada se battront partout et à tous les échelons pour veiller à ce que les chauffeur(e)s soient bel et bien reconnus comme des salarié(e)s et à ce que la compagnie accepte de négocier de bonne foi avec le syndicat qui représente les salarié(e)s en question.

Depuis le lancement de la campagne Les chauffeur(e)s d’Uber s'unissent, les TUAC sont devenus le principal porte-parole des conductrices et conducteurs de services de transport à la demande électroniques au Canada. À Toronto, ils ont syndiqué des centaines de chauffeur(e)s d’Uber Black et, actuellement, en Colombie-Britannique ainsi que dans d’autres régions du pays, l’organisation syndicale représente le fer de lance des efforts de syndicalisation dans ce secteur.

Pour en savoir plus long sur la campagne visant à rendre justice aux chauffeur(e)s d’Uber tout comme aux autres conductrices et conducteurs de services de transport à la demande électroniques, il suffira de consulter le site Web de la campagne Les chauffeur(e)s d’Uber s’unissent des TUAC.