Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale : on rend hommage à l’identité culturelle

March 21 - International Day for the Elimination of Racial Discrimination

Toronto – 17 mars 2020 – C’est le 21 mars qui constitue la date de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, laquelle est soulignée en hommage aux luttes menées par les communautés racialisées et les peuples autochtones du monde entier.

Cette année, afin de marquer la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organisation syndicale a fait appel à Tom Biebrich, militant de la section locale 832 des TUAC et membre du Sous-comité des Autochtones des TUAC Canada. Le confrère Biebrich voulait faire comprendre aux gens ce que cela représentait pour lui que de se rapprocher de sa culture après en avoir été si longtemps éloigné à la suite de la Rafle des années 60 au Canada, au cours de laquelle des enfants autochtones étaient séparés de leur famille pour être placés dans des foyers d’accueil ou adoptés.

Ce fut un cheminement difficile pour Tom et, à l’approche de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, il souhaite raconter son histoire aux gens dans l’espoir d’aider les autres personnes qui luttent contre le racisme, contre les stéréotypes néfastes d’ordre culturel et contre les discriminations.

« Boozhoo aaniin » (bonjour). Ces mots semblaient si différents il y a quelques semaines, mais maintenant, lentement, les choses deviennent plus familières et plus aisées. Adopté à l’âge de deux ans et ayant grandi dans une famille allemande, je ne connaissais même pas mes ancêtres. Pour autant que ma mère le sache, j’étais cri et nous n’avons jamais douté de ce fait. Là où je vis, il y a beaucoup d’Allemands et d’Ukrainiens, ce sont donc les langues dont j’ai appris quelques mots, ici et là. J’ai lu que sur les 7 000 langues parlées dans le monde, plus de la moitié sont appelées à disparaître. En moyenne, nous en perdons une toutes les deux semaines. Avec les difficultés actuelles à joindre les deux bouts et l’obligation que cela entraîne de courir partout, beaucoup trop de familles n’ont tout simplement pas le temps ou sont trop épuisées pour apprendre aux enfants les « vieilles » méthodes. À ces éléments de la situation s’ajoute l’emprise de la technologie (les jeux vidéo, Facebook, etc.), qui accapare la majeure partie du temps des enfants.

En grandissant dans une petite localité où il n’y avait qu’une autre famille autochtone, nous n’avons jamais rien remis en question. Nous ne connaissions pas le racisme avant que j’aille à Winnipeg. J’ai pratiqué tous les sports et nous avons joué contre une réserve, dont, comme j’allais l’apprendre plus tard, j’étais originaire. À Winnipeg, il arrivait très souvent qu’un autochtone commence à me parler en cri ou en ojibwé et, malheureusement, je devais les arrêter et leur expliquer que je ne connaissais pas cette langue parce que j’avais été adopté lorsque j’étais très jeune. Je n’ai jamais assisté à un pow-wow, mais cela va changer cette année. Je prévois également de communiquer avec un aîné de ma réserve afin de discuter de mon parcours et d’en savoir plus long sur ma famille et ma culture ainsi que sur le clan auquel j’appartiens. Au fil des ans, j’ai travaillé et rencontré de nombreuses personnes d’origines ethniques différentes. J’ai toujours été heureux d’apprendre des mots de langues différentes pour suivre un peu mieux les histoires racontées. Mes parents m’ont appris un peu d’allemand, mais il manquait encore quelque chose.

Le temps que j’ai passé en tant que militant au sein de la section locale 832 des TUAC a été un processus révélateur et très enrichissant. En tant qu’animateur, j’ai pu rencontrer un groupe plus diversifié et j’ai pu apprendre plus de mots en cours de route. Le fait de siéger au conseil exécutif du syndicat m’a permis de faire partie du Sous-comité des Autochtones des TUAC Canada, ce qui m’a rapproché de ma culture et m’a rendu plus déterminé à en savoir plus. Je cherchais toujours à savoir s’il y avait des cours d’ojibwé qui pourraient s’adapter à mon emploi du temps et j’ai fini par en trouver un qui a lieu une fois par semaine, le jeudi soir. Parfait. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été à l’école et, franchement, je me demandais si j’allais être capable d’apprendre une nouvelle langue. Nos moniteurs, Dawnis Kennedy et Virginia Scott ainsi que Jared (Joe) Okanase, contribuent à rendre l’apprentissage de l’ojibwé agréable. Nous commençons par nous présenter en ojibwé et, chaque semaine, ils ajoutent une nouvelle phrase à l’introduction. Nous avons un bon mélange de personnes dans notre classe. Cela va de la grand-mère qui amène ses trois jeunes petites-filles à quelqu’un comme moi qui n’a jamais connu sa propre langue. Nous avons appris des jeux et des chansons et nous avons même passé une soirée à jouer du tambour. Apprendre les verbes et les temps du passé, du présent et du futur est parfois difficile, mais à la fin, j’en sais un peu plus. Je suis très reconnaissant d’avoir l’occasion d’apprendre ma langue et ma culture et je m’efforcerai de continuer à apprendre et à transmettre ces informations aux autres.

J’ai entendu et vu trop de mauvais stéréotypes sur notre peuple. Il est temps que les gens connaissent nos bons côtés, tels que l’encouragement et la compréhension que je constate à chaque cours. Les rires que nous partageons lorsque nous racontons des histoires et les petites erreurs que nous pouvons faire. Le respect que l’on témoigne aux anciens ainsi qu’aux personnes avec qui l’on se trouve. Et aussi la fierté qui réside en chacun de nous. Je n’abandonnerais jamais les valeurs, les traditions et les leçons que m’a enseignées ma famille adoptive. En même temps, j’avance à bras ouverts pour embrasser les nouvelles leçons d’une culture qui n’a pas été perdue, simplement égarée pour un temps.

Comme la forêt, les marais ou les terres qui se situent entre les deux, nous devons nous aussi être revitalisés. Car si nous ne transmettons pas nos connaissances aux générations futures, notre culture ne pourra pas survivre et nous la perdrons. Je tiens à remercier les membres du Centre d’éducation culturelle autochtone du Manitoba à Winnipeg. J’aimerais aussi remercier la section locale 832 des TUAC Canada, le Sous-comité des Autochtones des TUAC Canada, ainsi qu’Emmanuelle Lopez-Bastos. Ma famille adoptive et ma nouvelle famille que je vois tous les jeudis soir. J’encourage tout le monde à apprendre sa langue maternelle et à la garder vivante aussi longtemps que nous vivrons dans ce grand monde. « Chi miigwetch ».