Ford utilise la clause dérogatoire pour étouffer les critiques

Ottawa (Ont.) – 22 juin 2021 – Au début de la pandémie en Ontario, la cote de popularité du premier ministre Doug Ford était très élevée, mais à mesure que la mauvaise gestion de la crise devenait évidente, ses résultats ont commencé à chuter.

Des sondages récents montrent que Ford est l’un des premiers ministres les moins populaires du pays, quelques points de pourcentage seulement devant ses collègues conservateurs, le premier ministre du Manitoba Brian Pallister et, en queue de peloton, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney.

La popularité de Ford est tombée si bas qu’il a invoqué la clause dérogatoire à la Charte canadienne pour annuler une décision des tribunaux, une première en Ontario.

La Cour supérieure de l’Ontario a rendu une décision selon laquelle le projet de loi 254 du gouvernement a violé la Charte en limitant la capacité des opposant(e)s à Ford à investir dans des publicités critiquant sa façon de gérer les problèmes en vue des élections provinciales de 2022.

La stratégie de Ford pour les prochaines élections est d’essayer de limiter la possibilité pour les opposant(e)s de critiquer son gouvernement tout en triplant les dons financiers que les particuliers peuvent faire à un parti politique. Au lieu de suivre les directives des tribunaux, Ford a choisi l’option nucléaire en invoquant la clause dérogatoire et en présentant un nouveau projet de loi 307, qui rétablit les parties du projet de loi 254 jugées inconstitutionnelles.

Ford craint des campagnes publicitaires à l’approche des élections sur des questions telles que la réponse inadéquate de son gouvernement aux flambées de COVID‑19 et aux décès dans les établissements de soins de longue durée, en plus de la législation qui protège les exploitants privés des établissements de soins de longue durée en les empêchant d’être tenus responsables par les proches des personnes décédées.

Il faut faire taire les environnementalistes et les municipalités qui sont indignés par l’utilisation par le gouvernement des règlements de zonage ministériels qui contournent les règlements environnementaux et pavent les zones humides sensibles et certaines parties de la ceinture verte protégée, au profit des riches amis promoteurs de Ford.

Les militant(e)s qui ont été indigné(e)s par la tentative de Ford de donner à la police plus de pouvoirs pour arrêter arbitrairement les voix que Ford ne souhaite pas que le public entende. Dans l’Ontario de Ford, les travailleurs et les travailleuses du secteur de la santé et les enseignant(e)s qui ont été en première ligne de la pandémie doivent être réduit(e)s au silence.

La législation de Ford ne tente pas seulement de faire taire les critiques, mais elle permet également aux riches et aux puissants de faire des dons encore plus importants au Parti PC de l’Ontario. Des changements dans la législation permettront de tripler les dons aux partis politiques. Alors que le NPD, parti d’opposition, compte sur des dons plus modestes de la part d’un plus grand nombre d’Ontarien(ne)s, le Parti PC compte sur des dons plus élevés de la part des personnes fortunées.

Ces changements ouvrent la voie à ces mêmes PDG, promoteur(trice)s et directeur(trice)s pour qu’ils et elles fassent des dons encore plus importants au Parti PC de Ford dans le but d’obtenir un accès exclusif au bureau du premier ministre.

Ford aurait pu faire appel de la décision du tribunal, mais à moins de 12 mois des prochaines élections provinciales, le moyen le plus rapide de faire taire ses détracteurs était d’utiliser la clause dérogatoire tout en permettant aux riches et aux puissants de donner encore plus d’argent à son parti.

Vous pouvez dire qu’un gouvernement comme celui de Ford est en difficulté lorsqu’il a recours à des mesures aussi radicales pour faire taire ceux et celles qui ont souffert de la mauvaise gestion de son gouvernement.