Dans le quartier central des affaires de Toronto, on éprouve de la satisfaction en apprenant la nomination du nouveau ministre fédéral des Finances

Ottawa – 21 mars 2014 – Lorsque Jim Flaherty a pris sa retraite à titre de ministre fédéral des Finances, alors qu’on avait déjà dépensé des centaines de millions de dollars en publicité dans le cadre du Plan d’action économique du Canada, celui-ci a enfin mené à la création d’un emploi. En effet, comme les dirigeantes et les dirigeants des banques ainsi que les présidentes-directrices générales et les présidents-directeurs généraux (PDG) des grandes sociétés ayant leur siège dans le quartier central des affaires de Toronto ont récemment eu le bonheur exquis de l’apprendre, c’est l’un des leurs, soit Joe Oliver, que le chef de la bande des conservateurs à Ottawa, Stephen Harper, a choisi comme successeur de monsieur Flaherty, et ce, sans perdre un seul instant.

Quand il était ministre des Ressources naturelles, monsieur Oliver excellait dans l’art de demeurer fidèle au point de vue du gouvernement actuel. Par conséquent, il niait que le réchauffement climatique de la planète était bel et bien réel alors que, pourtant, la science avait déjà démontré l’existence de ce phénomène et il diabolisait les personnes qui osaient s’opposer à l’accroissement de l’exploitation du pétrole, du gaz naturel et des sables bitumineux en les qualifiant d’extrémistes. Toujours à ce titre, il a également réussi à veiller à ce que le Canada continue à n’être guère prompt à faire le nécessaire en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  

Donc, Joe Oliver étant devenu ministre des Finances, les PDG des banques et des grandes sociétés peuvent dormir sur leurs deux oreilles en ayant la certitude que l’orientation des politiques économiques du gouvernement de Stephen Harper ne changera en rien. Il en résulte qu’on n’annulera pas les réductions de l’impôt sur le revenu des sociétés et que les grandes entreprises continueront à nager dans des profits de plus de 600 milliards de dollars sans avoir l’obligation de s’efforcer de quelque manière que ce soit de créer des emplois ni de les investir pour le bien de la société en général. En outre, ils n’auront toujours pas à se soucier du sort des Canadiennes et des Canadiens même si ces dernières et ces derniers doivent encore risquer de sombrer dans la pauvreté au moment de la retraite et que, s’il en est ainsi, c’est qu’on aura négligé d’augmenter les cotisations au Régime de pensions du Canada (RPC) et les prestations que les retraité(e)s en touchent et que leurs ami(e)s bien nanti(e)s auront encore pu se dispenser de payer une partie de l’impôt et des taxes auxquels ils sont assujettis tandis que le gouvernement perd des millions de dollars à cause du fractionnement du revenu.

Quant au grand manitou des conservateurs, monsieur Harper, il était tellement content d’annoncer la désignation de son nouveau ministre des Finances, lui qui est une vedette admirée de la rue de la Baie (en anglais, Bay Street) et un ancien cadre de la société Merrill Lynch, qu’il a fait effectuer son assermentation lors d’une cérémonie dont la tenue n’avait pas été annoncée au public et dont les représentantes et les représentants de la presse étaient exclus. Après la cérémonie en question, monsieur Oliver a refusé de répondre aux questions qu’on désirait lui poser et s’est rapidement engouffré dans son véhicule pour quitter les lieux. Pour sa part, à ce sujet, le chef de l’Opposition officielle, Thomas Mulcair, a formulé la question suivante : « À supposer qu’il soit vrai de dire que tous ces gens sont fiers que Joe Oliver vienne de devenir ministre des Finances, comment diable se fait-il qu’on ait interdit aux journalistes d’assister à cette cérémonie? »

Voilà pourquoi, au Canada, pendant que les gens de la société en général ont du mal à trouver un emploi bien rémunéré à temps plein et à rembourser les dettes qu’ils ont contractées en tant qu’individus constituant un ménage et leurs prêts d’études tout en étant toujours privés de prestations d’assurance-emploi alors que, pourtant, ils cotisent toujours à la caisse de ce programme social, les cadres et les PDG des grandes sociétés peuvent pousser un soupir de soulagement en sachant que c’est leur bon copain du quartier central des affaires de Toronto qui occupe désormais le poste de ministre des Finances du Canada.