L’exploitation « tous azimuts » s’accroît aux dépens des migrants du Honduras

Cette semaine, des travailleurs agricoles du Honduras ont commencé à suer sang et eau dans les champs du Québec, un groupe de pression formé d’agriculteurs québécois et des fonctionnaires honduriens ayant conclu un marché en vue de faire venir des migrants dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTÉT). Ce programme, qui émane du gouvernement fédéral, suscite la controverse car il ne prévoit aucune mesure de supervision permettant d’éviter les abus que des employeurs canadiens commettraient envers les travailleurs étrangers qu’ils embauchent. Malgré cela, le gouvernement fédéral s’est obstiné à le développer jusqu’à en faire venir des dizaines de milliers d’autres au pays.

« Le PTÉT, c’est l’exploitation ‘‘tous azimuts’’ à la sauce fédérale qui amène au Canada des travailleurs migrants dont on fait une main-d’œuvre vulnérable et remplaçable à souhait », affirme le président national des TUAC Canada Wayne Hanley, à la tête du plus grand syndicat présent dans l’entreprise privée au Canada. « La collusion entre le groupe de pression agricole et les gouvernements est non seulement affreuse, mais aussi une atteinte aux droits des travailleurs à statut précaire et une menace à leur sécurité, eux que l’on expulse des champs et du pays s’ils protestent. »

Alors que les travailleurs du Honduras qui sont arrivés récemment au Canada détiennent effectivement un visa et un permis de travail, le contrat d’embauche qu’on les force à signer précise clairement que le Canada « n’a pas le pouvoir d’intervenir ni d’assurer le respect des clauses du contrat » en cas de licenciement, de mauvais traitements ou d’exploitation.

Récemment, les abus que subissent les travailleurs migrants qui viennent au pays dans le cadre du PTÉT ont fait les manchettes à la suite du lancement d’une campagne à l’initiative des TUAC Canada et de partisans syndicaux issus de la société civile visant à dénoncer les conditions de vie et de travail sordides dans lesquelles se retrouvaient les travailleurs agricoles migrants du Guatemala. Depuis des années, on fait venir des migrants de ce pays à condition qu’ils acceptent les contrats du PTÉT, ce qui ne leur laisse d’autre choix, s’ils veulent qu’on les engage et qu’on les garde au travail, que de renoncer aux droits essentiels qu’ils ont en tant que travailleurs.

Pourtant, malgré les problèmes dont on fait état en parlant du PTÉT avec preuves à l’appui, le gouvernement fédéral a entrepris de discuter, avec un groupe de pression de l’industrie agricole, de la possibilité d’effectuer une « harmonisation » du système, ce qui pourrait permettre aux employeurs d’échapper encore plus à toute supervision qu’en ce moment et de faire assumer aux travailleurs le coût du logement et les frais de déplacement.

« Il faut impérativement qu’on modifie le PTÉT », déclare le confrère Hanley. « Cependant, voici ce qui se passe : c’est le secteur privé qui, en traitant à huis clos, tire les ficelles en ce qui a trait aux politiques en matière d’emploi et d’immigration. »

« Plutôt que de s’accroître, les mauvais traitements doivent cesser, ce qui ne sera possible que lorsque l’on révisera publiquement, de manière à les réformer, les programmes qui font venir des travailleuses et travailleurs temporaires au Canada », ajoute le chef national des TUAC Canada.

« Qu’ils viennent du Honduras, du Mexique, des Caraïbes, du Guatemala, de la Thaïlande, des Philippines ou d’autres pays dans la même situation, l’histoire se répète. Pour travailler ici, les migrants se voient obligés de renoncer aux droits qu’ils ont, tant comme personnes que comme travailleurs lorsqu’ils passent la frontière. Contrairement à ce que prétendrait le gouvernement fédéral, voilà bel et bien ce qui se passe et une révision publique le confirmerait certainement. »



Vol. X, no 35 • 7 septembre 2010