Réparer les torts du passé : La réconciliation en milieu de travail et au-delà

Vancouver – 27 juin 2018 – Leurs journées commençaient à 5 h 30. Avant le déjeuner, il fallait nettoyer les toilettes, traire les vaches et balayer les planchers. Après la messe du matin et trois heures de cours, il y avait encore du pain sur la planche. Les enfants préparaient les repas du lendemain, arrachaient les mauvaises herbes dans les jardins et coupaient du bois. Il leur était interdit de parler dans leur langue maternelle ou d’interagir avec leurs frères et sœurs. S’ils avaient de la chance, ils pouvaient jouer ou étudier pendant deux ou trois heures. Les élèves travaillaient un plus grand nombre d’heures qu’un travailleur à plein temps d’aujourd’hui. Ils n’avaient aucun congé de maladie ou de fin de semaine. Les plus jeunes d’entre eux avaient cinq ans.  

Pendant plus d’un siècle, le gouvernement canadien a placé quelque 150 000 enfants autochtones dans des pensionnats indiens où ils étaient soumis à des travaux forcés, des abus physiques et sexuels et la famine. Quelque 6 000 enfants autochtones n’y ont pas survécu. Enlevés de leur famille, souvent de force, un tiers de ces enfants n’allaient jamais retourner chez eux.  

Dulcie August, une syndiquée qui travaille chez Save-On-Foods, est une survivante du système des pensionnats indiens. Elle connaît trop bien cette histoire. « La plupart de mes ami(e)s sont morts », confie-t-elle. August est membre de la Première nation Squamish. Elle est la sœur de Joe Mathias, ex-chef squamish. « Mes ami(e)s ont fini par se suicider ou à prendre de la drogue, ils ne pouvaient plus subir ces souvenirs  », poursuit la consœur August.

Ce qui est honteux, c’est que le système des pensionnats indiens a duré jusqu’en 1996, année marquant la fermeture du dernier pensionnat, et que les conséquences destructrices de la colonisation sont bien présentes jusqu’à ce jour. La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a qualifié le système des pensionnats indiens de politique de génocide culturel. Créée en 2008, la CVR a interrogé près de 7 000 personnes ayant survécu au système des pensionnats. Dans le dernier rapport qu’elle a publié sept ans plus tard, la CVR lève le voile sur le génocide culturel accompli par le gouvernement canadien en éliminant les gouvernements autochtones, en niant les droits autochtones, en mettant fin aux traités et en occasionnant par l’assimilation l’effacement des peuples autochtones en tant qu’entités juridiques, sociales, culturelles, religieuses et raciales au Canada.   

La CVR s’est évertuée à comprendre les conséquences du système des pensionnats indiens afin de jeter les bases de la réconciliation. Les 94 mesures qu’elle recommande de mettre en œuvre ne sont pas une invitation à lancer le processus, mais bien une condamnation des rapports injustes entre les Autochtones et les non-Autochtones qui se poursuivent jusqu’à ce jour. La colonisation n’a pas pris fin pour les Premières nations du Canada.  

Le présent texte fait partie d’un article plus complet sur la réconciliation publié initialement dans le magazine Update de la section locale 1518 des TUAC Canada. Pour lire le texte intégral, il suffit de  cliquer ici.