Blogue politique : Le nouveau chef conservateur Erin O’Toole est inféodé à des intérêts d’extrême droite

Toronto – 10 septembre 2020 – Tard dans la nuit, bien après que la plupart des médias soient partis, le député de Durham, Erin O’Toole, a été déclaré élu au troisième tour de scrutin comme nouveau chef du Parti conservateur. Monsieur O’Toole a pu surpasser le premier leader du scrutin, Peter MacKay, pour remporter la course à la direction du Parti conservateur, grâce en grande partie aux votes de choix alternatifs des deux candidats socialement conservateurs en lice, Leslyn Lewis et Derek Sloan.

Erin O’Toole remplace le député de la Saskatchewan Andrew Scheer en tant que chef du parti de droite du Canada. Andrew Scheer a échoué lamentablement lors des dernières élections fédérales, en grande partie à cause de ses opinions socialement conservatrices sur l’avortement, le mariage homosexuel et les droits des transsexuel(le)s, qu’il a refusé d’aborder pendant la campagne.

Depuis qu’il est devenu le nouveau chef, M. O’Toole a souligné qu’il est pro-choix. Cependant, la puissante branche sociale conservatrice du parti prétend qu’Erin O’Toole leur est redevable de sa victoire. Une vidéo de campagne divulguée pendant la campagne montrait Erin O’Toole faisant appel aux conservateurs sociaux pour leurs votes de second choix, allant jusqu’à suggérer qu’il serait prêt à faire des concessions sur des questions comme la thérapie de conversion ou l’aide médicale à mourir. Le Campaign Life Coalition, le plus grand groupe antiavortement du Canada, a recruté plus de 26 000 nouveaux membres pendant la course à la direction, affirmant que cela a influencé le résultat du vote.

« Nous espérons qu’Erin O’Toole veillera à ce que les conservateurs sociaux soient respectés et leurs valeurs représentées au sein du parti à l’avenir », a déclaré la Campaign Life Coalition. « Tout le monde sait que vous ne pouvez pas gagner une élection générale sans votre base. »

Dans une entrevue, M. O’Toole a promis que les « conservateurs sociaux » seront remerciés pour leur soutien par une « place à la table ». « Ils apprendront deux choses fondamentales à mon sujet », a déclaré M. O’Toole. « Je les apprécie dans notre parti, et je respecte leur rôle important dans notre mouvement. »

Le candidat à la direction du parti, Derek Sloan, a été critiqué pendant la campagne pour ses déclarations racistes, sectaires et misogynes, en particulier pour ses commentaires à l’égard de l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, qui ont amené tous les députés conservateurs de l’Ontario à voter pour qu’il présente ses excuses. Toutefois, le seul député de la province qui n’a pas demandé ces excuses est Erin O’Toole.

Cela soulève la question suivante : à qui d’autre M. O’Toole doit-il sa victoire, et comment cela se reflète-t-il sur la voie à suivre pour le nouveau dirigeant? Seul un des cinq premiers ministres conservateurs du pays lui a apporté son soutien lors de la course au leadership, et il s’agit du premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney. Monsieur Kenney a dû croire qu’Erin O’Toole était en phase avec les types de politiques destructrices qu’il a mises en place en Alberta. Monsieur O’Toole s’est prononcé en faveur de la campagne de Jason Kenney contre les paiements de compensation et s’est fait l’écho de la rhétorique de Jason Kenney sur les campagnes d’activistes prétendument financées par l’étranger et visant à détruire la croissance de l’industrie pétrolière et gazière de la province. Il est intéressant de noter que la promesse faite dans le livre de politique générale de M. O’Toole de mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles a duré un jour avant d’être retirée. Comme tout politicien conservateur cherchant à obtenir le soutien de l’Alberta, M. O’Toole se pliera en quatre pour satisfaire les intérêts commerciaux des grands employeurs du secteur du pétrole et du gaz.

D’autres positions politiques épousées par M. O’Toole étaient de la chair à canon pour l’aile conservatrice de la droite dure du parti. Erin O’Toole a promis de supprimer le financement de Radio-Canada, d’annuler la taxe fédérale sur le carbone et de proposer d’autres réductions de l’impôt sur les sociétés et la suppression des réglementations. Il a également proposé que toute nouvelle idée de dépense comprenne une réduction dollar pour dollar des dépenses effectuées ailleurs. Son livre de politique générale promettait de défendre la possession d’armes à feu, d’utiliser la clause dérogatoire pour faire appliquer la politique infructueuse des peines minimales obligatoires et d’ériger en infraction pénale le blocage des infrastructures de transport, une politique clairement conçue pour supprimer les voix au sein de la population autochtone et du mouvement environnemental du Canada.

Pendant la campagne, le directeur numérique de M. O’Toole était Jeff Ballingal, le fondateur des pages Facebook Ontario Proud et Canada Proud, qui sont soutenues par un considérable financement d’entreprise. Monsieur Ballingal est également le directeur du marketing du site Internet d’extrême droite, The Post Millennial. Et Jay Hill, ancien député conservateur et maintenant chef du parti séparatiste Wexit en Alberta, a même voté pour Erin O’Toole, bien que les règles ne permettent pas aux membres des autres partis de voter. Il est donc clair que M. O’Toole est soutenu par les éléments les plus à droite du Parti conservateur.

Erin O’Toole essaie de se dépeindre comme un modéré, mais quand on regarde à qui il doit sa victoire à la tête de son parti, il ressemble beaucoup à la continuation de l’expérience ratée d’extrême droite qu’était Andrew Scheer.