Blogue politique : La stratégie agricole de l’Ontario contre la COVID-19 snobe les salarié(e)s agricoles

Toronto – 28 novembre 2020 – Récemment, le gouvernement de l’Ontario a annoncé la Stratégie de protection, de contrôle et de soutien en cas d’éclosion de la COVID-19 dans les fermes de l’Ontario.

Or, la stratégie en question est vouée à l’échec en ce qui concerne la protection des travailleurs et travailleuses agricoles migrants contre ce coronavirus, en partie à cause du fait que le gouvernement a négligé de consulter les travailleurs et les travailleuses migrants avant de la concevoir.

Bien que certains aspects de la stratégie représentent un pas dans la bonne direction, l’absence de tout apport des travailleurs et travailleuses agricoles migrants fait que les mesures de protection qui y sont prévues ne seront probablement pas mises en œuvre dans les exploitations agricoles de l’Ontario. Il s’agit là d’une tendance que les gens et les organisations se portant à la défense de leurs intérêts, y compris les TUAC Canada, ont déjà constatée dans toute la province.

Selon les TUAC Canada, ce sont l’ensemble des travailleurs et travailleuses qui méritent d'être traités avec dignité et respect au travail, et ce, peu importe leur origine ou leur statut sur le plan de l’immigration. De plus, notre syndicat croit fermement que, relativement à ce qui se passe dans le domaine agricole pendant la crise de la COVID-19, le gouvernement conservateur de Doug Ford aurait dû tenir compte des personnes qui y travaillent en élaborant sa stratégie s’il voulait vraiment assurer la protection des salarié(e)s agricoles travaillant en première ligne.

Actuellement, en Ontario, il y a cinq foyers de COVID-19 dans des exploitations agricoles et, jusqu’à présent, il y a une bonne centaine de travailleurs et travailleuses agricoles migrants qui y ont été infectés. Cependant, les travailleurs et les travailleuses agricoles ont très peu d’outils à leur disposition pour se protéger contre le coronavirus et faire respecter leurs droits en matière de santé et de sécurité au travail, principalement du fait que la Loi sur les relations de travail de l’Ontario ne les protège en rien.

Les TUAC estiment que, pour améliorer véritablement les normes du travail et les mesures de protection des travailleurs et travailleuses du secteur agroalimentaire en matière de santé et de sécurité au travail, il serait nécessaire de prévoir aussi la protection des travailleurs et travailleuses agricoles migrants dans la Loi sur les relations de travail de l’Ontario et de leur reconnaître le droit de négocier collectivement. Les travailleurs et les travailleuses agricoles migrants auraient ainsi la possibilité de négocier leurs conditions de travail et de veiller à ce que la situation s’améliore sur les plans de la santé et de la sécurité dans leur lieu de travail.

Malheureusement, il est peu probable que le gouvernement Ford agisse en ce sens car non seulement il a refusé de consulter les travailleurs et les travailleuses agricoles migrants au moment de l’élaboration de sa stratégie agricole à l’heure de la crise de la COVID-19, mais, en s’y prenant comme il le faisait, il a mérité de se voir interpellé par la vérificatrice générale de l’Ontario pour n’avoir pas protégé adéquatement les travailleurs et les travailleuses agricoles venant de l’étranger contre cette maladie.

Il y a dix ans, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a déclaré que l’interdiction de la syndicalisation dans le secteur agricole en Ontario constituait une violation des droits des travailleurs et travailleuses agricoles se trouvant dans la province, et ce, qu’ils viennent de l’étranger ou non, c’est-à-dire plus de 100 000 personnes. Une décennie plus tard, de toute évidence, il demeurerait cruellement nécessaire d’effectuer des changements considérables dans ce système car la pandémie de COVID-19 a eu pour effet d’y révéler la manifestation d’une crise sous-jacente.