Blogue politique : Le budget fédéral 2021, une occasion manquée

Ottawa (Ont.) – 27 avril 2021 – Après deux ans sans budget, et alors que la COVID‑19 a fait des ravages dans de nombreuses régions du pays, on aurait pu s’attendre à un budget transformateur pour répondre aux problèmes mis à nu par la pandémie. Ce budget représentait une occasion de s’attaquer aux nombreux problèmes auxquels les Canadien(ne)s sont confronté(e)s, mais on nous a plutôt présenté des demi-mesures et, à certains égards, rien du tout.

L’inclusion d’un programme national de garde d’enfants à 10 dollars par jour, assorti d’un financement, était la bienvenue, mais les libéraux promettent un projet national de garde d’enfants depuis 1993.

L’augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars l’heure était également une bonne chose et représentait un changement d’avis pour le premier ministre qui avait critiqué une proposition similaire du NPD lors des élections fédérales de 2015. Trudeau a même déclaré à un public d’hommes et de femmes d’affaires en 2016 que son gouvernement ne voyait pas la hausse du salaire minimum fédéral comme une solution pour aider les personnes confrontées à des obstacles économiques.

La prolongation des prestations d’urgence de l’assurance-emploi jusqu’en septembre a également été une bonne nouvelle, tout comme la réduction de la nouvelle admissibilité universelle à 420 heures pour l’année prochaine afin de soutenir les travailleurs et les travailleuses qui ont un emploi précaire. Nous espérons également que l’examen annoncé du système d’assurance-emploi du Canada contribuera à remédier à ses nombreuses limites.

Bien que ces éléments du budget soient appréciés, il reste encore beaucoup à faire et aucune mention n’est faite d’un régime universel d’assurance-médicaments, ce qui pourrait faire économiser aux Canadien(ne)s plus de 5 milliards de dollars par an.

Dans le discours du Trône de l’automne 2020, le premier ministre a promis de collaborer avec les provinces et les territoires pour établir de nouvelles normes nationales en matière de soins de longue durée (SLD), mais seule une petite augmentation du soutien fédéral aux soins aux personnes âgées a été promise dans ce budget, malgré les conditions épouvantables révélées par la pandémie.

Le travail d’établissement des normes nationales a été confié à des organismes privés qui vendent une foule de produits et de services aux établissements de SLD en quête d’accréditation. Au fil des ans, ceux qui ont obtenu l’accréditation sont les mêmes fournisseurs de SLD à but lucratif qui ont laissé tomber les personnes âgées lors de la pandémie.

Les lacunes de la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique, qui présente un décalage important dans le délai de paiement en plus de ne payer que les travailleur(euse)s de longue durée, doivent encore être corrigées. Il n’y a pas non plus d’incitation supplémentaire pour les provinces à fournir des jours de congé de maladie payés dont le besoin est urgent.

Le budget ne prévoit pas non plus de réforme fiscale, pourtant indispensable. Une taxe de luxe sur les voitures et les bateaux haut de gamme est une bonne chose, mais elle est loin du type de réforme nécessaire pour réduire les inégalités croissantes. Il n’y a pas d’impôt sur la fortune ni de taxe sur la pandémie pour ceux et celles qui ont vu leur fortune personnelle augmenter considérablement et pour les entreprises qui ont injustement profité de la pandémie alors que d’autres entreprises ont dû faire face à des restrictions paralysantes. Ce type de mesures permettrait de dégager des milliards de recettes qui pourraient servir à réduire la fracture économique croissante.

En fin de compte, ce budget libéral ressemble vraiment à une occasion manquée de s’attaquer véritablement à tous les problèmes mis à nu par la pandémie.